Jusqu'ou?
Jusqu’où peut-on, jusqu’où
faut-il aller dans le dévoilement ?
Je suis les développements
de la situation relationnelle aux multiples enjeux que Pierre et Kyrann
évoquent largement dans leurs blogs.
Je n’ai aucune objection à
ce qu’ils exposent l’état de leurs pensées et de leurs sentiments, si cela est
bon et bénéfique pour eux. Je crois aussi que leur expérience est intéressante
pour d’autres qui en les lisant peuvent trouver des échos à d’autres
situations, être aidé dans leur propre cheminement par leurs réflexions. Je les
lis en tout cas pour ma part avec intérêt, non par voyeurisme malsain mais
parce que les questionnements que j’y retrouve me concernent même si je ne vis
pas du tout la même histoire, ils concernent il me semble tous ceux qui
cherchent à conscientiser pour les améliorer leurs propres vécus relationnels.
Et pourtant je n’ai pu
m’empêcher de ressentir à la lecture de certains textes l’ombre d’une gêne ou
peut-être plutôt l’ombre d’une peur pour ceux qui s’y livrent, plus
spécialement pour celle qui pour le moment est dans la difficulté et dans la
douleur.
Est-ce pour elle une aide de
pouvoir s’épancher et de pouvoir partager (c’est ce que je souhaite de tout
cœur), est-ce que cette forme d’exposition sera un moyen de sortir plus
facilement de la douleur ?
Mais la mise en jeu publique
des affects dans l’immédiateté de leur vécu ne peut-elle aussi compliquer les
choses en introduisant des tiers éventuels dans une discussion déjà si
difficile à avoir à deux ?
Ne risque-t-on pas d’être
entraîné par la dynamique même des échanges plus loin dans le dévoilement de
soi et d’autrui que ce qu’on aurait voulu ?
Ne risque-t-on pas au
passage de gêner des tierces personnes en les évoquant pour les besoins de la
réflexion ? (comme on l’a vu ici en l’occurrence. Mais en révélant au
passage que cette personne qu’on aurait pu croire totalement éloignée du débat
et des protagonistes ne l’est pas tant que ça).
D’autres déjà se sont faits
mal à ces jeux.
Ce n’est pas du tout ici
bien sûr de ma part une critique. Je souhaite que ces échanges se poursuivent
car ils donnent lieu à des textes profondément beaux et émouvants, à des
réflexions d’une grande acuité et d’une grande richesse, qui dépassent de loin
les enjeux relationnels entre eux. Je le répète, c’est juste l’ombre d’une
gêne, juste l’ombre d’une crainte, générées peut-être par ma propre gêne, mes
propres craintes, dans la mesure où moi-même je me sens par moments flirter
avec la ligne jaune, et incité peut-être à la franchir par la dynamique des
échanges qui se créent.