Printemps bis
Ce coup ci c’est le
printemps vrai de vrai. L’air à l’ombre reste frais mais le soleil est bon, les
manteaux s’ouvrent, les cols se dégagent, les vêtements s’allègent, les femmes
sont belles, les terrasses de café sont envahies et pas seulement par les
fumeurs invétérés.
Je suis revenu du bureau par
le chemin des écoliers et je me suis posé un long moment au parc Montsouris.
J’y ai lu vaguement le journal, commencé d’écrire quelques lignes de cette note
sur mon petit carnet mais surtout j’ai laissé mon regard errer sur les
spectacles minuscules du parc et mon esprit vaguer au fil de ma rêverie. Ce
lieu est empreint de souvenirs. J’y emmenais parfois mes enfants jouer, les
aires de jeux ont été modernisées mais il reste encore par exemple cette mini
montagne en ciment avec ses routes et ses tunnels sur lesquelles mes garçons
ont poussé pendant des heures leurs petites voitures. Je regarde avec nostalgie
des enfants qui s’y amusent. Diable, est-ce qu’il me viendrait des envies
d’être grand-père ? D’autres couches de souvenirs plus récentes s’invitent
et même, par ricochet, des pensées chargées de présent.
Je suis célibataire toute
cette semaine, Constance est en voyage de classe, elle est au bord de la mer,
la chanceuse, elle voit l’océan de sa fenêtre. Je jouis de ma liberté, je jouis
de ma solitude. Pour l’instant elle est légère, je ne sais ce que ce serait si
elle devait durer plus longtemps.
Lundi j’ai invité une amie
très chère à la maison, c’était la première fois qu’elle y venait, d’habitude
nous nous voyons au restaurant. Tout ceci est resté en tout bien tout honneur
comme on dit (enfin quel bien ? quel honneur ?) mais n’empêche c’est
un moment qui ne pouvait se vivre à la maison que parce que Constance n’était
pas là, c’était un moment « à l’insu », un moment tout chargé de
tendresse, un moment qui a suscité en moi plus d’une réflexion et quelques
pages mais qui resteront, je le crains, à l’ombre de mon journal privé.
J’ai profité de l’allongement
de soirée qu’autorise le changement d’heure et suis rentré sans hâte à la
maison, tout gorgé de printemps, pour m’y faire un petit frichti pour moi seul.
Et puis dans la nuit, comme j’insomnisais, je me suis levé et me suis installé
à mon bureau pour écrire cette note. Je l’achève aux premiers chants d’oiseaux…
Et tout autre chose.
J’apprends qu’il y aura mardi prochain à 19h à la Bibliothèque Buffon, 15 rue
Buffon, une conférence de Gildas Ilien sur l’archivage d’internet à la BNF. Je
tâcherai d’y faire un saut. Comme on sait le sujet m’intéresse ! D’autant
que les collectes effectuées commencent à prendre forme comme on voit ici ou
sur le blog de lecteurs de la BNF que je découvre à cette occasion. Ça, c’est une
petite mention spéciale pour notre amie de très loin qui se demandait récemment en commentaire d'un billet ce que cela pouvait bien vouloir dire d’être « BNFisée » !