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Les échos de Valclair
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29 mai 2009

Juguler la colère

Ce matin, huit heures et demi. J’arrive au bureau. J’avais besoin d’y passer assez tôt pour faire quelques courriers urgents avant le long week-end. Ensuite dès dix heures je dois repartir pour des réunions extérieures pour toute la journée. Je fouille mes poches, ma sacoche. J’ai oublié mes clefs ! Mes autres collègues n’arrivent qu’à neuf heures et demi ! Merde ! Coincé !

Une violente vague de colère me submerge. Je maudis mon étourderie, je me traite de tous les noms, je trépigne des pieds en pensée. Repartir chez moi, chercher la clef ? Absurde, l’aller et le retour me prendrait trop de temps. Il n’y a qu’à poireauter en grondant intérieurement.

Enfin non, il ne faudrait pas gronder intérieurement ! Il faut au contraire faire refluer la colère imbécile. Ravaler l’incident à sa véritable importance qui est minuscule. Je prends de grandes respirations comme on me l’a appris au yoga lorsque j’en faisais. Je vais au jardin public tout proche. Je m’assieds sur un banc. Le matin sent le printemps.

Attendre oui. Regarder le ciel qui est bleu, regarder le feuillage des arbres. Apprécier la caresse du soleil. Ecouter le chant des oiseaux. Tenter de me concentrer sur ce chant, de l’isoler de la rumeur du périphérique proche.

Prendre un livre ? Je n’ai pas avec moi mon livre en cours (Murakami toujours). Sortir le petit carnet de mes écritures ? Je ne l’ai pas non plus. Décidément j’ai tout oublié ce matin. Alors je prends mon agenda professionnel et je pose mes mots sur les pages du mois d’août qui sont de toute façon destinées à rester vierges de tout rendez-vous ou activité.

Voilà j’ai commencé d’écrire. Le jardin est calme. Je ne suis pas si mal, à être là, à regarder, à écouter, non ? Voici l’inévitable jogger matinal. Deux autres personnes se sont installées sur des bancs depuis mon arrivée. Un mauvais nuage passe dans le ciel, masquant le soleil. Il fait un peu frais. Je vais bouger. De toute façon l’heure a tourné. Des collègues sûrement sont arrivés au bureau, je vais pouvoir y passer pour repartir presque aussitôt. Tout de même il n’y avait pas de quoi se laisser attaquer par la colère ! Pas de quoi écrire non plus ces mots sans intérêt. Enfin, ils ont l’intérêt de m’avoir aidé à regarder le ciel, à écouter les oiseaux, à juguler la colère, ce qui n’est pas si mal.

Personne ne mourra des courriers que je n’ai pas écrits ce matin. Mardi je viendrai un peu plus tôt c’est tout. Sans oublier mes clefs !

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Commentaires
C
C'est exact...en commençant à te lire, me suis dit: mais ça me rappelle quelque chose...!<br /> Décidément quelles clés as-tu besoin d'oublier? ;-))<br /> bonne journée à toi ;-))
V
Comme AlainX... hihi!<br /> J'ai été très étonnée par le premier paragraphe, que j'ai lu ici voici quelques temps déjà.<br /> <br /> Qu'avez-vous donc avec vos clefs? C'est étrange...<br /> <br /> Bon week-end, Valclair!
A
Ah Ouf !! Les commentaires me rassurent... Me disait aussi que j'avais déjà lu (quasi)ça qq part chez toi...<br /> Toujours intéressants les "actes manqués"....<br /> et l'oubli d'en avoir déjà parlé...<br /> <br /> Mais quel est donc - derrière l'oubli - le "désir inconscient" qui anime tellement ta vie ?
V
Ah ça alors, c'est incroyable.<br /> J'avais totalement oublié que j'avais écrit ça! Je viens de remonter dans mes archives pour retrouver! Faut croire qu'il y a quelquechose de trouble entre moi et les clefs pour que leur oubli ou la simple crainte de leur oubli suscite de tels mouvements de colère irrationnels !<br /> <br /> C'était donc un tour de ma mémoire à moi et pas de la vôtre! Merci d'avoir rafraichi la mienne , Incertaine, par votre lecture attentive et bienvenue par ici.
I
Je suis arrivée sur votre blog par celui de Traou. Je suis une lectrice de l'ombre, mais attentive. Votre billet m'en rappelle un autre presque identique, il y a quelques mois. Mais ce jour-là, je crois que vous aviez retrouvé vos clés. Mais peut-être ma mémoire me joue-t-elle un de ces tours dont elle a l'habitude
Les échos de Valclair
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