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Les échos de Valclair
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16 juin 2009

L'horreur, le matin...

Hier matin je me suis réveillé sur un des plus terribles cauchemars qu’il me soit arrivé de faire…

Je ne me suis pas réveillé en sursaut sur une image horrible, facile à décrire, facile à délimiter et plus facile du coup à renvoyer dans les limbes de la nuit. Non, je suis resté longuement dans une phase de demi sommeil, j’ai émergé petit à petit, il n’y a pas eu de cassure nette entre rêve et non rêve. J’étais là, sur mon lit, oppressé, en sueur, regardant le velux au-dessus de moi avant de commencer à me dire : ah, mais c’était un rêve. Il ne m’est même pas sorti ce ouf de soulagement que l’on prononce d’habitude lorsqu’on réalise que ce qu’on croyait vivre n’était qu’un mauvais rêve de la nuit.

Les évènements du cauchemar, ses images me sont inatteignables, j’ai eu l’impression d’un très long déroulé dont je n’ai gardé que le final. J’ai essayé au réveil de prendre mon carnet à côté de mon lit, de noter des choses pour tenter de remonter vers des éléments précis du rêve mais sans y parvenir. Et je me demandais d’ailleurs s’il fallait le faire, ou bien s’ébrouer, se lever, aller boire un verre d’eau, s’efforcer donc de le chasser plutôt que de le retrouver malgré la curiosité que j’en avais.

En très gros, il me semble que j’avais fait quelquechose d’horrible, tuer un enfant ou laisser tuer un enfant. Était-ce l’un des miens, ça je ne parviens plus à le savoir, mais c’est bien possible. J’étais dans une maison, effondré, j’entendais des gens, toutes sortes de gens, des proches comme des inconnus, parler de moi, sans que je les vois, sans qu’ils me voient, ils découvraient ce que j’avais fait, j’entendais leur stupéfaction devant un acte qui me ressemblait si peu, totalement à l’opposé de l’image qu’ils avaient de moi, je n’étais pas celui qu’on croyait, c’était comme Docteur Jekyll et Mister Hyde, ils découvraient dans mes actes mais aussi dans mon journal intime dont ils lisaient des pages des signes du trouble de ma personnalité qui avaient échappé à tous, à eux comme à moi, et moi j’étais là, prostré, immobile, entendant leur discours et découvrant moi-même avec horreur et en même temps qu’eux que je n’étais pas celui que je croyais.

Parmi ces gens qui étaient là, innombrables, il y avait aussi mon père il me semble et une femme surtout et qui était tantôt ma mère, tantôt ma femme et moi j’étais tantôt moi enfant et tantôt moi adulte (à moins que ce ne fut en même temps ?). Était-ce sous le regard de ma mère pour le moi enfant et sous le regard de ma femme pour le moi adulte ? C’est l’impression que j’ai, mais c’est sans doute trop simple, ça ressemble trop à une rationalisation du réveil.

J’étais dans une sorte de catalepsie, incapable de bouger, de parler, je ne faisais que subir ces défilements de parole, en pensant à la fois : il n’y a plus rien à faire, il n’y a plus qu’à se laisser mourir, et en même temps : il faudrait qu’ils fassent quelquechose, qu’ils fassent irruption, qu’ils cassent ce cocon dans lequel je suis paralysé, qu’ils aillent chercher des flics, qu’ils me confient à un psy, mais qu’ils me sortent de là, qu’ils me sortent de là, que s’arrête cette litanie qui n’en finit pas, que s’arrête cette douleur de ne pas cesser de découvrir ma propre horreur.

Je n’ai pas écrit cette note sur le moment ou peu après mon lever. J’aime le faire d’habitude, j’y prends un certain plaisir même si ce sont des rêves cauchemardeux, parce que la satisfaction de la découverte surpasse le désagrément de ce que je remue. Là c’était trop oppressant. J’ai juste noté quelques phrases et j’ai ressenti très vite que je ne parviendrai pas à tirer les fils, que c’était trop douloureux et qu’il valait mieux que je me lève. Ce n’est qu’aujourd'hui, mardi soir, le lendemain soir, que je le tente de fixer quelquechose de ce rêve mais sans bien sûr pouvoir en faire vraiment récit, l’essentiel m’en a échappé.

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Commentaires
G
Quel qu'ait été ce cauchemar tu décris formidablement bien l'état dans lequel il t'a déposé. <br /> Je n'en ai jamais voulu à la personne que j'aimais et qui m'a mise en danger car j'ai toujours supposé (pressenti ?) qu'elle était alors dans un état proche de ce que tu décris. Sans doute que je m'en suis finalement sortie pour qu'il n'en soit pas rajouté à son désarroi, à sa folie. Récemment j'ai su qu'elle-même sans doute ne comprenait pas. Sans doute vit-elle en s'efforçant à l'oubli.
T
Avec mes gros sabots, dès tes premières lignes, j'ai pensé que l'enfant que tu avais tué n'était autre que toi-même, avec certaines aspirations et avec certains espoirs. La suite où tu parles justement de toi enfant me semble aller dans ce sens.<br /> Mais il n'y a jamais une seule interprétation, juste des pistes dont toi seul sait si elles résonnent (raisonnent ?) en toi.<br /> <br /> Je t'embrasse bien amicalement.
V
Effrayant, en effet...<br /> Je comprends que ce rêve vous ait marqué.
F
Je crois au contraire - pour rebondir sur ton dernier paragraphe, Valclair - que cela éveille des échos chez pas mal d'entre nous, en raison d'expériences analogues et justement à cause de ce flou qui peut s'appliquer à (presque) n'importe quel schéma de rêve épouvantable. <br /> <br /> Cela m'a rappelé effectivement un cauchemar fait il y a plus de vingt ans, comme quoi ce genre de chose peut vous marquer durablement...<br /> <br /> J'espère simplement qu'en parler ici a pu contribuer à te soulager de ce malaise.
V
Oui je me doute bien bien que c'est moi qui suis au centre, ta remarque sur le sens des ils qui sont de je me semble très pertinente Alain et j'y penserai pour d'autres rêves. Quant à agir, oui, je sais mais de là à faire les pas, éternelle difficulté...<br /> <br /> Et le sentiment de culpabilité (quelle culpabililité c'est ça la question) est sûrement essentiel là dedans comme tu le dis Micheline.<br /> <br /> Je crois plus à cet élément venu de l'intérieur qu'à quelquechose issu de l'actualité Courjaut que je n'ai pas spécialement suivie, mais ça a pu influencer quand même l'image qui a surgi, merci de me l'avoir fait remarquer Samantdi.<br /> De toute façon les images étaient vraiment très évanescentes, l'élément fort c'était ce sentiment de paralysie y compris physique tout en faisant cette découverte que j'étais un monstre.<br /> <br /> Merci d'avoir dit ton ressenti , Camille, bien sûr je le prends comme tel et en effet comme toutes vos impressions ça peut ouvrir des pistes.<br /> <br /> Je ne suis pas très branché interprétation des rêves en fait, Filofilo, et n'ai pas lu grand chose dessus. En général je les aime bien pour ce qu'ils portent de fantaisie avec eux même s'ils sont (modérément) cauchemardesques. (là c'était un peu trop, je n'ai vraiment pas aimé du tout!) <br /> J'ai juste été un peu sensibilisé au sujet lors des Journées de l'autobio de juin dernier qui portaient justement sur le rêves, j'ai vu qu'il y avait des interprètes plutôt freudiens et d'autres plutôt jungien mais bon, j'aime bien aussi bien, voire plus, les visions des poètes.<br /> <br /> En tout cas merci à tous de vos passages et intéressants commentaires. J'avais un peu hésité à poster ce billet que je trouvais presque trop intime et en me disant que ce n'était que de vagues gargouillis de mon inconscient qui n'allaient intéresser personne.
Les échos de Valclair
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