Jours tranquilles
Les jours filent,
tranquilles…
Papa s’est installé dans
notre petit appartement. Mon neveu et sa copine sont partis au camping. Ma sœur
est donc seule dans son studio. Nous la voyons souvent naturellement, il suffit
de monter un étage. Elle est ainsi entourée tout en étant parfaitement
tranquille, elle peut se reposer beaucoup et suivre ses propres rythmes.
Mon père préfère d’ailleurs nos
rythmes à nous, plus conformes au sien, avec nos levers (relativement)
matinaux, nos repas réguliers et structurés, notre goût, qu’il partage, pour la
marche à pied.
Le temps se prête peu à de longues
stations à la plage et la mer est décidément sacrément frisquette, autour de 16
degré. Mon animal de père, malgré ses 85 ans, entre plus facilement dans l’eau
que moi et nage plus longtemps, quoique nos bains, pour l’un comme pour
l’autre, soient plutôt brefs.
Nous avons profité en tout
cas de ce temps mitigé pour découvrir certains coins de la campagne intérieure
que nous ne connaissions pas encore, avec jeudi par exemple un grand tour de
quinze kilomètres dans les collines bigoudènes. Avec en prime la découverte
d’un superbe gisement de mûres –mûres, plus mûres, qu’elles n’étaient dans le
midi ! Ce qui nous a permis de faire le soir trois pots de confitures
maison, ce sera un petit souvenir à déguster au cœur de l’hiver.
Hier soir nous sommes allés
écouter la Chorale du Bout du Monde dans l’église du bourg voisin. Composée
d’une bonne centaine de choristes tous finistériens, elle met à son répertoire
exclusivement des textes en breton, pas seulement des chants traditionnels,
beaucoup de chansons contemporaines, y compris traduites ou adaptées d’autres
langues, avec des arrangements et compositions musicales variées, intégrant les
influences d’autres musiques du monde. C’était excellent et l’ambiance était
formidable dans l’église complètement pleine au point que certains suivaient le
concert du dehors par les portes laissés ouvertes.
Bref un quotidien de vraies
vacances, banal mais plaisant…
Et ce matin je me suis
éveillé sur un rêve qui m’a mis de bonne humeur. Mais il m’a tout de suite
échappé et je n’ai pu le noter au réveil comme j’aime à le faire. Je garde
juste une image, celle d’une très jeune fille, presque une enfant, très brune,
habillée d’une robe noire très courte et très sexy, servant de l’essence dans
une station service. Dans les brumes du demi-sommeil matinal j’ai commencé à
élaborer une histoire sans chercher à savoir ce qui, peut-être, venait du rêve
enfui et ce qui venait de l’imagination du matin au travail. J’ai commencé dans
la foulée à écrire une petite nouvelle, ça vient bien, dans la facilité et le
plaisir, le vrai plaisir d’écrire quand la jouissance des mots se marie à la
délectation d’inventer une histoire, de créer une atmosphère. Je n’ai pas
poursuivi car le temps est trop beau pour rester enfermé, d’autant que dès
demain nous remettons le cap sur Paris mais je sais que cette nouvelle est
assez lancée pour que j’aie l’envie de la finir.
Allez, pour notre dernière journée, on file au bout du bout des terres d’ici, plein ouest, là où l’océan ne rencontre plus aucune terre jusqu’à l’Amérique, là où le regard brasse le plus vaste espace de landes, de mer et de ciel non borné…