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Les échos de Valclair
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28 novembre 2009

Dix souvenirs de quand j'étais petit

Med’céline n’a tagué personne mais a incité tous ceux qui avaient envie de reprendre la balle au bond à le faire.

Alors profitant d’un réveil matinal intempestif je me lance.

Ça m’éloignera d’un billet plus lourd, ancré dans le présent que j’avais envie de rédiger ce week-end et c’est très bien.

Et puis c’est comme une façon de reprendre le cours des Petits Cailloux et Ricochets. Je n’avais dans ma remontée rétrospective du temps tenu que de 2006 à 1993, donc j’étais resté très loin de l’enfance.

Mais c’est jusqu’à quand être « petit », ça me semble plus restreint que l’enfance, je dirais bien jusqu’à la naissance de ma sœur (j’avais six ans) mais ça sera peut-être difficile de trouver dix souvenirs alors je vais dire jusqu’à la fin de l’école, avant d’entrer au lycée…

Allez je me lance. En plus un des intérêts de la chose, est de pas trop chercher, de ne pas trop réfléchir, de laisser venir…

1) Dans la cuisine chez ma grand-mère, une assiette remplie de sucre. Je plonge dedans avec une cuillère à soupe, enfourne tout en bouche, haut le cœur, je recrache tout et même, je crois, je vomis, je vois une tâche sur le sol carrelé de la cuisine, ma grand mère vient vers moi, je ne sais plus trop si elle rit ou me gronde gentiment, les deux peut-être.

2) J’avais appris à lire. Je lisais beaucoup, trop disait-on. Quels troubles en avait résulté ? Mystère ! Si, des troubles du sommeil peut-être. Je me vois dans le cabinet médical et le médecin, un homme jeune, jovial et gentil pourtant, m’interdisant de lire (peut-être de lire le soir en fait) et moi complètement atterré puis, d’autres images, moi sous le drap avec la lampe de poche, lisant… Et ce souvenir qui me revient juste là en écrivant : ce médecin est mort peu de temps après, infarctus, je ne comprenais pas bien ce que ça voulait dire de mourir pour un homme jeune, bien portant, comme ça, c’était notre pédiatre, le pédiatre de ma sœur qui était alors un tout petit bébé.

3) Je suis chez la gardienne de l’immeuble, non, on disait la concierge, à l’époque, ça y est elle me donne la nouvelle qu’on vient de lui téléphoner sans doute, je me vois sautant et courant sur le trottoir devant la loge en criant fou de joie : « j’ai une petite sœur, j’ai une petite sœur ».

4) La rue était très courte, bordée de ces HLM de la Ville de Paris où nous habitions, elle partait du boulevard extérieur et se terminait en impasse, au pied d’un talus, après ce n’était plus construit, c’était la zone, on allait jouer parfois par là, il y avait des montées raides et des descentes, des buissons, des endroits où l’on pouvait faire des cabanes, oui, j’y allais parfois, pas souvent, l’endroit me faisait peur. Mais on a déménagé rapidement, l’appartement était trop petit depuis l’arrivée de ma sœur, on a été dans un autre HLM de la ville de Paris, dans le vingtième toujours mais un peu plus à l’intérieur, vers le métro Pelleport.

5) A l’école… J’aimais bien l’école en général. Sauf deux années, l’une où j’ai eu une maîtresse ennuyeuse, ennuyeuse et une autre, où le maître était un homme encore vêtu de la blouse grise qui tapait avec une réglette sur les doigts des enfants quand on faisait des bêtises, qui aussi pouvait nous pincer cruellement le lobe de l’oreille, ça faisait mal, mal, j’ai l’impression que je le sens encore, cet affreux homme dans mon dos, ses gros doigts qui me tordent affreusement l’oreille

6) Tiens, plus tôt... L’école encore mais cette fois c’est la maternelle, on vivait encore à Toulouse, mon père venait me chercher tous les soirs, il ne m’a pas vu dans le préau où j’étais censé l’attendre, il est reparti, en fait j’avais suivi une dame de service avec laquelle j’étais en grande conversation dans une classe. L’heure des papa/maman était passé, on ne savait que faire de moi, finalement c’est une maîtresse qui m’a déposé à la maison avec sa voiture, une deux-chevaux, j’étais fier comme Artaban, revenir dans la voiture de la maîtresse, wouaouh !

7) Ma mère n’allait pas bien. Ça durait, ça durait... Une maladie au long cours… Dépression ? Je n’ai jamais su mais je le suppose. Un jour j’étais seul dans l’appartement avec elle mais ce n’était pas chez nous, c’était chez mes grands parents d’Annecy, non de Pau, à l’époque ils habitaient encore à Pau, elle était en robe de chambre, elle déambulait dans la maison et puis tout à coup elle est tombée de tout son long, elle ne bougeait plus. Je me suis précipité sur le palier, j’ai été sonner chez des voisins que je ne connaissais pas pour appeler à l’aide, ensuite le soir on m’a félicité de mon à propos.

8) Mes vacances c’était toujours chez mes grands parents, jamais avec moi d’enfants de mon âge, famille étroite, pas de cousinade. Une fois pourtant je me suis retrouvé pendant une semaine à la campagne chez une dame  qui recevait des enfants, aucun souvenir d’eux , souvenir d’ennui, d’ennui, je me demande si mes parents ne sont pas même venus me rechercher avant le moment prévu et peut-être est-ce à partir de là qu’il n’a plus été question que j’aille en colonie, j’ai continué à me construire en enfant solitaire.

9) J’avais des copains quand même. Je me souviens de mon ami W. Lorsque j’allais chez lui on était assez souvent seuls et on faisait des bêtises. On jouait à balancer de minuscules boulettes de pain sur des passants depuis son balcon qui donnait sur la rue Belgrand. C’est le seul avec qui je me souviens d’avoir eu des jeux sexuels. Un truc étrange ! Une fois on s’était amusé à relier nos zizis respectifs avec une ficelle et à déambuler comme ça dans la salle à manger de ses parents en rigolant comme des bossus.

10) Un jour la maîtresse (CE2 ?, CM1 ?) nous avait donné un petit texte à écrire. C’était un sujet libre. Il fallait juste raconter quelquechose en une dizaine de lignes. J’avais décrit l’arrivée d’un orage alors que j’étais en barque avec mes parents sur le lac d’Annecy. La maîtresse m’avait énormément félicité pour mon texte et elle l’avait lu à toute la classe, ce qu’elle ne faisait jamais, je me sens encore en rosir de honte et de plaisir.

Voilà je suis à dix. Des tas de choses sont revenues en écrivant et je pourrai continuer, tirant les fils, je pourrai rajouter au moins trois, quatre autres petites anecdotes qui me sont revenues pendant que j’écrivais. Tiens, quand je ferai le Marathon d’Alain, je partirai de quelquechose comme ça, d’une pelote de souvenirs d’enfance.

La chronologie s’est à peu près remise en place. A la relecture je dirai que l’ordre c’est sans doute à peu près 1, 6, 7, 8 (avant Paris, avant six ans), 4, 3, 2 (six-sept ans, premier appartement parisien), 5, 9, 10 (huit-dix ans, second appartement parisien).

Il y a plein de points d’interrogation aussi bien sûr. Mon père aurait-il une vision de certaines choses ? Se souvient-il de lorsque l’on m’a interdit de lire ou de la maladie de ma mère par exemple ? Ce serait intéressant de le questionner. A vrai dire ce n’est pas la première fois que je pense à le faire parler du passé, on s’en doute. Mais je ne le fais jamais !

Et je me rends compte aussi que mes deux années d’école non aimées, c’était le CP, , j’avais du ressentir le primaire comme un étouffoir après la maternelle vivante, puis le CE1 avec ce maître (légèrement) tortionnaire. Après j’ai aimé quand ont commencé les renforcements positifs et divers effets Pygmalions que j’ai dû être capable de susciter. Je suis entré dans le cercle vertueux du succès scolaire.

Comme Med’céline je n’envoie le tag sur personne mais je lirai avec plaisir celles/ceux qui se lanceront.

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Commentaires
V
Je suis très honoré de votre proposition.<br /> Et je vous remercie de votre louangeuse appréciation qui me fait très plaisir.<br /> Mais, quant à la publication, je suis très hésitant.<br /> Je vais vous répondre en tout cas de ce pas...
J
bonjour valclair, <br /> <br /> je souhaiterais publier un extrait de votre blog dans la revue pour laquelle je travaille : Ombres et Lumière... Seriez-vous d'accord? Il s'agit d'extraits de votre texte sur le naufrage de la vieillesse... Je vous ai envoyé un message mais sans réponse à ce jour...<br /> Merci de me donner une réponse.<br /> Toutes mes félicitations en tout cas pour ce magnifique blog.<br /> Bien cordialement. Agathe
V
Ah oui Micheline ce serait chouette, tu parlerais d'un temps avant le notre et de cela on a toujours beaucoup à découvrir.<br /> Et puis ne te laisse pas envahir par le vide!
M
eh oui une bonne idée de laisser réaffluer ces souvenirs en ordre dispersé..les comparer à ceux déjà évoqués... je vais y penser.. pour combler tout ce vide qui m'envahit!!
L
Merci pour ton accueil ... Il y a quelques billets "hors sujet" sur mon blog .
Les échos de Valclair
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