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Les échos de Valclair
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11 mars 2010

Après-midi libérée

Cet après-midi j’étais en réunion à proximité de Beaubourg. Ce fut une réunion très rapide contrairement à ce que j’attendais. A trois heures et demi j’étais dehors. Inutile de dire que je ne suis pas repassé au bureau !

Je suis resté dans le quartier. Même s’il fait toujours froid le franc soleil finit par être rudement bon, dès lors qu’on n’est pas dans l’axe du vent. J’ai musardé un peu pour profiter de ce soleil. Sur la piazza Beaubourg tout de même peu investie par les saltimbanques en raison du froid il y avait une jeune femme qui produisait une étrange musique en soufflant dans une longue corne qu’elle rythmait en plus avec un espèce de grelot utilisé aussi comme percussion sur le bois. Elle était immobile, le seul mouvement était celui de ses joues, de sa bouche modulant le son et puis celui de sa main, agitant le grelot. Elle était adossée au vélo qui l’avait portée là et était, toute emballée d’épais vêtements, une grosse canadienne, un bonnet de laine multicolore descendant presque jusque sur les yeux, et, en dessous, une robe blanche très baba cool et qui semblait légère. Je me suis mis à écouter et j’ai été vite emporté par ces sons assez fascinants et par tout ce qui se dégageait de cette fille, de son allure, de son intense concentration.

J’imagine que souffler ainsi de façon parfois très prolongée doit créer une sorte d’ivresse, quelque chose presque comme une transe. En tout cas elle semblait par moments étrangement partie au fil de son propre souffle, happée vers l’intérieur d’elle-même, indifférente en apparence aux quelques personnes qui s’arrêtaient pour l’écouter.

Je pensais qu’il s’agissait d’un instrument tibétain. Je lui ai demandé au moment d’un temps de repos entre deux chants. Elle m’a dit que c’était un instrument des aborigènes d’Australie et m’en a donné le nom que j’ai naturellement aussitôt oublié.

J’ai rêvé un peu sur l’étrange mode de vie que devait avoir cette fille musicienne de rue et que j’imagine entre les temps où elle joue sur les places publiques grande voyageuse solitaire et hors des routes balisées.

Je n’avais pas d’appareil photo. Dommage j’aurais bien aimer emporter une image d’elle. Et puis je me suis souvenu l’avoir déjà vue au même endroit dans d’autres déambulations, dans des temps météorologiquement plus cléments. J’ai eu plaisir à retrouver ces photos dans les dossiers de mon ordinateur. Mais c’est étrange, l’ambiance dans le climat printanier m’en a paru bien différente, bien moins intense. Ou est-ce parce que cette fois là je n’avais pas vraiment écouté, je passais juste avec l’œil du photographe.

Après cela j’ai plongé dans le MK2 Beaubourg. J’ai vu « La reine des pommes », un petit film tout léger et qui ne marquera pas. Au début ça m’agaçait plutôt, je me disais « bof, c’est tellement artificiel » et puis je me suis laissé faire quand même, je me suis laissé prendre par cette comédie légèrement rohmerienne, acidulée, voire, sur la fin, quelque peu pimentée. Je me dis qu’en tout cas la petite bande qui a fait ce film et notamment l’actrice-réalisatrice, Virginie Donzelli, a dû bien s’amuser.

En rentrant tout à coup m’a traversé cette pensée que le bon de cette journée c’était cette liberté soudaine, imprévue, la rupture avec l’attendu de la pleine journée de travail. Est-ce que ça ne me manquera pas lorsque les journées, toutes mes journées, seront une longue plage que ne rythmeront plus les contraintes du temps professionnel ?

***

01_Beaubourg_025

***

01_Beaubourg_026a

La même, il y a deux ans, par une douce journée presque estivale...

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Commentaires
P
Une année, j'ai suivi un cours de chant "a cappella". Les exercice d'échauffement consistaient en un mix de postures du taï chi chuan et d'observation et d'étude de la respiration, du souffle, etc. Au bout d'un moment et d'exercices, le souffle voyage presque continûment et sans aucun effort du ventre vers l'air libre et les cordes vocales vibrent avec une facilité déconcertante. Cela procure en effet une impression très curieuse, la sensation de découvrir une possibilité inconnue du corps (des cordes vocales en l'occurrence), j'imagine que le didgeridoo amplifie juste le son. Mais le taï chi et chanter, ça n'a rien à voir avec un orgasme o;))) Vraiment rien.
V
C'est tout à fait ça, Nuages, merci pour tes infos.<br /> Hé, hé l'Alain, je n'y avais pas pensé, tu as l'esprit encore plus mal tourné que moi!<br /> Ah le grand souffle mystique, l'envolée tantrique...
A
il ne serait pas impossible que cela produise aussi une sorte de jouissance quasi orgasmique...<br /> <br /> sans doute faudrait-il l'avis de quelques dames !
N
L'instrument australien en question ne serait-il pas le "didgeridoo" ?<br /> <br /> Voir ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Didgeridoo<br /> <br /> A part ça, au cinéma j'ai vu tout récemment "Contes de l'âge d'or", un film roumain de Cristian Mungiu (le même réalisateur que "Quatre mois, trois semaines, ...". Quatre histoires absurdes et décapantes qui se passent à la fin de l'ère Ceausescu. Délectable !
Les échos de Valclair
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