Le jardin des Champs
Quelle folie !
Ça a été ma première
réaction quand j’ai débarqué du métro à l’Etoile et que je me suis engagé dans
le « jardin extraordinaire » selon l’expression du site de la Ville
de Paris.
Tout le haut des Champs
entre l’Etoile et le Rond Point est occupé par des micro parcelles, chacune
consacré à un arbre ou a une plante cultivée. C’est l’opération « Nature
capitale »selon sa dénomination officielle mais en vérité c’est avant tout
une opération pour promouvoir l’agriculture (« Agriculture capitale »,
autre titre apparemment de l’opération). Elle est organisée par le Centre des
Jeunes Agriculteurs et cherche à promouvoir une agriculture respectueuse et attachée
à la biodiversité mais elle est aussi sponsorisé par des grands groupes
agro-alimentaires qui n’ont pas nécessairement les mêmes perspectives.
L’ensemble est impressionnant mais tellement artificiel ! Quel est le coût
de ce genre d’opération ? Je ne parle pas du coût seulement financier mais
aussi du coût écologique en terme de transports, et même en terme de stress pour
ces quantités d’arbres, de plantes, d’animaux, transbahutés juste le temps
d’une méga manifestation de deux jours. Pour que les parisiens et les touristes
viennent s’agglutiner par dizaines et dizaines de milliers, viennent y prendre
des millions et des millions de photos, pour que chaque partenaire y aille de
sa petite opération de communication.
Mais qu’est-ce que je fous
là ! Je me dis que je serais bien mieux à marcher dans une vraie campagne,
dans une vraie forêt. Les boutiques des Champs rutilent de leurs objets de
consommation de luxe, le Fouquet’s se porte très bien, merci pour lui, et en
face, pour entrer chez Vuitton, il faut faire une queue comme pour une expo au
Grand Palais !
Et puis peu à peu je m’y fais. Je me prends au jeu moi aussi. Passé le début où ça bouchonne comme à une manif, la bousculade se fait un peu moins stressante. On peut s’approcher un peu plus. Pour chaque plante il y a un petit panneau explicatif et de jeunes agriculteurs présents qui donnent des explications à ceux qui prennent le temps de s’arrêter. Il y a des gamins qui s’extasient. Et puis il n’y a pas de doute, il y a des perspectives visuelles peu banales, des images qui ne demandent qu’à être saisies. Moi aussi je dégaine mon appareil photo…
L’ambiance est plutôt décontractée malgré l’ampleur de la foule. La sécurité est assurée par des gars en gilet fluo, il y a quelques groupes de CRS mais plutôt discrets. Sauf, là, de drôles de types : costumes sombres, lunettes de soleil, oreillette vissée derrière le crâne, regards inquisiteurs, des types qui ont des look pas vraiment rassurants. Je continue ma déambulation. J’en suis aux moutons. Et puis il y un vague changement d’ambiance, un léger mouvement de foule. Je comprends tout à coup.
Ça fuse. Pas des
applaudissements. Pas des cris hostiles non plus. Non plutôt des « Tu l’as
vu, toi, tu l’as vu ? » Et « Regarde, Carlita elle est là
aussi, ouais, chouette, tu la vois, tu la vois ? » C’est tout de même
impressionnant de voir que tant de gens manifestent une excitation puérile
simplement parce que le Président est passé à quelques mètres d’eux, qu’il leur
a, au passage, décoché un sourire et fait un petit geste de la main. Enfin je
peux me moquer ! ça m’a amusé moi aussi d’avoir été là, moi aussi j’ai fait
des photos, et même je viens en causer sur mon blog !
Le soleil commençait à taper sérieusement. Un temps à ne pas mettre un Nuages dehors ! Devant la brasserie alsacienne, il y avait des musiciens et c’était à l’ombre. Je me suis posé là un moment. Je m’y suis rafraichi de musique aussi. Puis je me suis éloigné par de petites rues paisibles. C’était rudement plaisant, ces rues sans voitures, agréable conséquence de l’inaccessibilité automobile des Champs Elysées, ces rues presque vides même de piétons, une agréable tranquillité après la foule compacte de tout à l’heure.
J’écris à la nuit tombée. Je suis installé sur ma petite terrasse. Je commence à avoir du mal à voir les touches. Il fait bon. Il y a dans les arbres alentour des oiseaux qui chantent encore et tentent de faire la pige à un programme télévisuel qui se déverse d’une fenêtre ouverte quelque part. Au cours des deux derniers jours la floraison du chèvrefeuille a explosé et l’odeur qu’il exhale, après cette chaude journée, est particulièrement suave.
Photos cliquables bien sûr...