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Les échos de Valclair
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16 novembre 2009

Pincement de coeur

Alors, c’est quoi, ce pincement de cœur ?

Une grande et très chère amie, la plus accomplie de mes amitiés amoureuses, avec qui j’ai eu le bonheur de vivre quelques beaux weeks-ends parenthèses et dont je savais la vie engagée dans une importante et positive dynamique de changement m’a annoncé il y a peu qu’elle avait de surcroît fait une rencontre amoureuse importante.

Je le sentais à vrai dire depuis un moment, je le savais même et d’ailleurs j’en avais rêvé il y a quelques jours d’une façon très explicite. Je m’aperçois maintenant à quel point les symboles dont ce rêve était chargé reflétait de façon extraordinaire la réalité dans plusieurs de ses dimensions.

C’est étrange cette différence entre savoir au fond de soi et recevoir la nouvelle de la voix même de la personne concernée.

Comme si, lorsque l’on sait au fond de soi, on pouvait toujours ménager un petit espace au doute et se satisfaire de ce doute. Alors que là, non, ce n’est plus possible.

Mon sentiment est étrange, partagé. Je suis à la fois heureux pour elle, réellement heureux, ce ne sont pas seulement des mots, ce n’est pas une pose pour signifier je ne sais quelle grandeur d’âme, ça me semble un développement logique et bienvenu sur le chemin de changement qu’elle a entrepris depuis plusieurs années et dans lequel j’ai tenu une place, une place que, je le sais, elle n’oubliera pas.

Mais c’est aussi dans le même temps ce pincement de cœur, cette tristesse pour moi-même que je ne peux éviter.

C’est curieux ça aussi. Nous sommes géographiquement très éloignés l’un de l’autre, nous ne nous voyions que très épisodiquement et dans des conditions qui n’étaient jamais simples, faciles, notre relation était en quelque sorte principalement « virtuelle », elle n’était donc pas très « pleine » et là, alors que ce qui advient change fort peu de choses dans le concret de ma vie, j’ai tout à coup le sentiment qu’un grand « vide » s’est fait. Et c’est comme si ce vide était simplement liée à cette idée que je ne suis plus le premier, le plus important, le plus attendu. C’est terrible, tout de même, quoiqu’on veuille, de ne pas pouvoir s’empêcher de ressentir les choses sur le mode de la concurrence !

Bien sûr je suis tout à fait certain qu’elle me garde une place dans son cœur, elle veut vivre indépendante, garder son autonomie, ne pas s’installer avec ce nouvel homme, peut-être ne cédera-t-elle pas à l’exclusivisme mais j’ai très bien senti, et cela aussi je le comprends parfaitement, qu’elle accordait une priorité à ce qu’elle cherchait à construire dans la proximité de sa vie, laissant peu ou pas de place aux amitiés amoureuses telles qu’elle a pu en vivre jusque là et dans lesquelles, alors, j’avais ma place à la fois dans son cœur et dans ses bras.

La roue tourne. J’ai l’impression que plusieurs de mes amitiés amoureuses qu’elles aient conduit à l’accomplissement sexuel ou qu’elles en soient restées au désir sublimé – oh je n’en ai pas connues tant que ça !- s’éloignent insensiblement dans le mouvement même de la vie sans que d’autres ne semblent prendre le relais, et c’est de cela que je ressens une tristesse, non pas véritablement douloureuse mais langoureusement mélancolique.

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Commentaires
A
les amitiés-amoureuses ne sont-elles pas, par leur nature même, destinées à être des « amoures passantes »... ?<br /> des sortes de « temps relationnels transitoires »... ?<br /> (ce qui n'enlève rien ni à leur valeur ni à leur beauté...)
M
Tout lu. Tout bien intégré. Et remontée restées bien vivantes des émotions contradictoires de joie et de souffrance mêlées.
V
Merci de cette appréciation Gicerilla et de ces mots qui sont la sagesse même. Mais l'émotion ne se conforme pas toujours autant qu'elle devrait à la sagesse!
G
Texte plein de lucidité et universel en quelque sorte puisque je m'y retrouve. Je retrouve cette sensation vécue déjà maintes fois de "perte" alors que dans les faits il n'y a pas de perte véritablement. Envie de dire "tout est dans l'idée qu'on s'en fait" et il est important de décréter que ce genre d'événement ne rend pas notre vie médiocre ou plus creuse. Décider d'être heureux, authentiquement, pour l'autre et accepter les choses sans comparer, sans rien attendre. La sérénité viendra.
V
Oui peut-être finalement sur la lucidité... Ce que tu en dis, Camille, éclaire ce que voulait sans doute dire Telle.<br /> Il n'empêche que le terme d'effrayant ne me va toujours pas, peut-être alors dirais-je terrible et belle lucidité pour souligner l'ambivalence, à la fois ce qu'elle apporte et ce que peut-être en effet elle gâche... Mais je ne suis pas prêt à y renoncer et de toute façon on ne se refait pas.<br /> <br /> Pour ce qui est de ma difficulté d'écrire, là je ne crois pas du tout qu'il y ait un lien. Je me suis dit des "à quoi bon" mais sur un plan plus global, plus radical. S'il y a un lien il serait presque inverse puisque je me suis remis à écrire ces derniers temps, ce que vous lisez ici en ligne mais d'autres choses aussi qui restent privées. Comme si, au contraire, ces mouvements de coeur, remettaient de l'énergie, du carburant, celui que j'ai tant de mal à avoir dans des billets plus désaffectivés, culturels ou anecdotiques.<br /> <br /> Merci de vos passages à tous et je prends le soleil aussi que tu m'envoies, Camille.
Les échos de Valclair
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