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Les échos de Valclair
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5 décembre 2009

Jeunesse de l'âge

Le week-end dernier j’ai été acheter un ordinateur pour mon père et je lui ai installé.

Ça faisait un moment qu’on en discutait. Il était réticent, se disant qu’il n’y comprenait rien et qu’il ne se voyait pas trop se lancer là-dedans à quatre vingt quatre ans.

Nous le poussions quant à nous, un peu agacé à la longue de devoir gérer de chez nous les photos numériques qu’il ramène de ses voyages, d’aller chercher pour lui sur internet les résultats de ses classements de bridge, voire de lui rapatrier des courriers transmis par mail mais adressés chez nous .

Depuis un mois à peu près il était décidé. A partir de ce moment il n’a eu de cesse que nous n’allions faire cet achat. A peine celui-ci déballé le voici tout frétillant de s’y essayer comme un gamin découvrant un nouveau jouet. Et depuis, chaque jour, il fait ses petits exercices, s’exerçant à couper, copier, coller, à créer des dossiers et à ranger ses photos dedans, s’entraînant au maniement de la souris et du clavier (lui qui n’a jamais touché une machine à écrire étant d’une génération où le plus moyen des cadres avait forcément une secrétaire pour saisir textes et courriers). Il est convenu que je vienne passer avec lui deux-trois heures chaque semaine pour piloter son apprentissage et j’ai commencé à rédiger un fichier aide mémoire que j’ai appelé le b.a. ba du b.a. ba. Pour l’instant internet n’est pas encore installé, nous attendons la « box » mais il a déjà de quoi faire.

Je prends un grand plaisir à l’accompagner dans cette découverte. C’est le plaisir, tout simple, d’une agréable relation filiale mais celui aussi, plus rare, d’être en présence de quelqu’un dont l’âge n’a pas émoussé la vitalité et auquel, les années passant, j’aimerais ressembler.

C’est un peu ce récent billet d’Alain qui m’a donné envie d’écrire celui-ci. Je partage tout à fait ce qu’il dit quant aux ravages du « jeunisme », de cette obsession à paraître plus jeune que l’on est, de la survalorisation des valeurs (supposées) de la jeunesse et des tentatives pour les reprendre à son compte, le plus souvent en les singeant de façon minable.

Mais pour autant, par rapport à tant de gens qui en vieillissant se caparaçonnent dans ce qu’ils ont été et dans leurs certitudes, qui ne ressentent plus aucun attrait pour la nouveauté, qui deviennent blasés ou cyniques, qui n’ont plus vraiment d’envies mais laissent juste couler les jours, il me semble heureux de voir des gens qui gardent intacts certaines des qualités de fraîcheur, d’enthousiasme et même de naïveté, associées le plus souvent à la jeunesse.

Etre de son âge, oui, résolument, avec ce que l’expérience peut amener (parfois !) de sagesse, mais en gardant tout de même quelquechose de la jeunesse et même, au-delà, pourquoi pas, quelquechose de l’esprit d’enfance.

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Commentaires
V
Il y a sûrement eu à toutes les époques des "vieilles dames indignes" (pour ceux qui se souviennent de ce film un peu oublié)se mettant à croquer la vie à belles dents une fois l'âge venu, mais j'aime bien Elisabeth cet élément que tu rajoutes auquel je n'avais pas pensé et qui est sûrement assez vrai du lien avec le contexte qui a été celui de notre génération.<br /> <br /> Vos réactions montrent qu'il y a bien plusieurs façons de réagir, qu'on peut aller vers l'une (le renfermement) ou vers l'autre (l'ouverture, le "pleinement vivant" pour reprendre le terme d'Alain qui a l'avantage de mettre de côté l'âge en lui-même). Mais cela dit à quoi ça tient, bien malin qui pourrait le dire, pas seulement à de la volonté en tout cas, c'est aussi indéterminable que de savoir ce qui fait que certains sont des coeurs heureux et d'autres des coeurs sombres. Je ne voudrais pas que tu t'en attristes, chère Telle, c'est ainsi, il faut faire avec ce que sont les gens, et disant cela je repense à ma mère, qui était elle un coeur sombre, tout à l'opposé de mon père.<br /> <br /> Merci en tout cas à tous de vos commentaires enrichissants.
A
Ah ouiiii !<br /> tres bien de texte et cette relation à lui !<br /> rien à voir avec le jeunisme!!<br /> Et j'aime beaucoup que tu dises "esprit d'enfance", car c'est bien cela.<br /> Il y a qqch d'intemporel dans notre existence. qui nous maintien pleinement Vivants - jeune ou avancé en age !<br /> <br /> Ma belle-mère de 87 ans est comme ça... Ouverte sur la vie. Ca me rappelle un souvenir : je lui montrais sur l'ordinateur un jeu vidéo (un truc avec des trains) qui amuse mes petits-fils. Je pensais qu'elle regarderait ça d'un air distrait, mais elle a posé plein de questions sur le fonctionnement !!! j'ai du faire une démo complète !!<br /> Esprit d'enfance....
F
Mais, n'est-ce pas "L'Enfant intérieur", cet éternel créateur qui se manifeste à nous continuellement, cette curiosité, cet appétit d'apprendre pour créer ensuite ?<br /> <br /> A nous de demeurer attentifs à son appel, peu importe l'âge biologique, et même chronologique, de nos cellules.<br /> <br /> Billet rassurant, Valclair Merci !
E
Tout cela sonne juste et l'on perçoit en effet, comme le dit très bien Incertaine, le plaisir que tu éprouves à cet échange avec ton père, que tu as la chance d'avoir encore. Nous connaissons tous des exemples des deux sortes de personnes âgées, celles qui ont conservé la curiosité du nouveau, du monde, des autres, et celles qui n'ont pas cette disposition d'esprit... <br /> <br /> La note d'Alainx est aussi très juste et intéressante. Etre ou ne pas être "jeune dans sa tête"... Il faut dire aussi que nous appartenons à la génération, grosso modo, des 68ards, c'est-à-dire des gens qui ont été jeunes à une époque (avant 68) où les jeunes comptaient pour des prunes, et deviennent vieux quand c'est exactement l'inverse. D'où une forte tentation de vouloir rester jeune, ou même, quand on ne l'a jamais été, de le devenir.
I
C'est une grande chance de savoir rester curieux du monde et de son évolution. J'avais une grand-mère qui à 89 ans passés se mettait à apprendre l'espagnol pour mieux communiquer avec sa voisine de palier ! Mais dans le fond, je me demande si nous ne restons pas tels que nous sommes malgré les années. A la puissance 10, peut-être(ce qui accentue le caractère), mais fondamentalement les mêmes.<br /> Je suis heureuse pour toi que tu aies un père aussi enthousiaste. C'est formidable. J'aime beaucoup dans ce texte sentir le plaisir que tu éprouves à cet échange. C'est très agréable.
Les échos de Valclair
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