Mauvaise pente et frémissement printanier
Ces derniers jours je me
suis laissé aller à agir selon la mauvaise pente. Il me semble que ça m’arrive
plutôt moins souvent qu’avant mais n’empêche, c’est toujours là, prêt à
ressurgir, une tendance de fond qui m’exaspère.
Agir selon la mauvaise pente
c’est me laisser enfermer dans ce que je n’ai pas envie de faire au détriment
de ce que j’aimerais faire vraiment !
Idiot non !
Très concrètement j’ai
acheté un nouvel ordinateur. Je commence à avoir besoin au bureau du portable
que j’avais emprunté il y a quelques mois déjà suite au crash de ma précédente
machine et que j’ai pendant tout ce temps utilisé chez moi et presque
exclusivement pour mes besoins personnels. J’ai profité de ce changement pour
installer Word 2007 alors que je fonctionnais jusque là avec un vieil Office
2000. Il y a plus de différences que je ne croyais. Donc j’ai passé du temps à
la prise en main. Puis j’ai entrepris de voir comment se faisait la conversion
d’anciens textes. Ce qui a parfois entraîné des modifications de présentation
non souhaitées. Je me suis mis en devoir d’aller corriger. J’en ai profité
aussi pour faire un peu de ménage dans les documents, les favoris, les carnets
d’adresses que j’ai transféré d’un ordinateur à l’autre, en essayant aussi d’en
rendre le classement plus rationnel.
Ce n’est pas en soi ce
passage obligé par le temps nécessaire à une installation que, de toute façon,
il fallait que je fasse qui pose problème. Encore que cela pose aussi la
question de notre dépendance croissante aux machines et à la technologie, au
temps que nous bouffe ce qui est censé nous en faire gagner, à ces interfaces entre
nous et le monde qui nous rapproche certes du monde entier mais qui en même
temps nous éloigne de la présence réelle au monde qui est à notre porte, bref,
ce serait là toute une autre question sur laquelle je ne vais pas m’attarder aujourd'hui…
Non, ce qui me pose problème
en l’occurrence c’est cette tendance à me laisser entraîner au-delà du
nécessaire, m’enferrant dans des réglages de détails inutiles, poussé par un
perfectionnisme malsain. Lorsque j’ai senti que je commençais à m’en agacer,
plutôt que d’arrêter en me disant avec un sentiment de positivité « c’est
bien, tu as fait l’essentiel, passe aux autres choses que tu souhaitais
vraiment faire », je me suis acharné en vivant les choses de plus en plus négativement,
et peut-être en étant d’autant moins capable de les arrêter que précisément je
les vivais négativement. Comme si à la source de ce comportement, il y avait
une espèce de malsaine attirance masochiste, me poussant à m’enfoncer toujours plus,
m’empêchant d’écouter la petite voix qui me dit : « allez stop ça
suffit maintenant, cesse de te faire du mal. »
C’est ça la mauvaise pente,
la spirale négative, trop bien connue de moi…
Et je pensais dans mon
agacement à quelques pages lues ici ou là ces derniers jours, évocations de
plaisirs simples immédiats et évidents, présence intense au carpe diem de
chaque jour.
Car dehors aussi il y a le
printemps qui semble enfin vouloir s’affirmer.
En sortant du bureau hier
vers le milieu de l’après-midi j’ai filé vers mes MK2 favoris pensant aller me
faire une petite toile avant le rendez-vous que j’avais pour dîner avec une amie.
Mais je ne me suis pas enfoncé dans les salles obscures, j’ai préféré aller me
promener un peu en bord de Seine puis dans les jardins de Bercy que j’aime beaucoup
et prendre le temps de jouir un peu de la douceur du soleil déclinant, du
spectacle des canards sur la pièce d’eau, du vert tendre des jeunes pousses et
de l’éclat multicolores des massifs de fleurs…