Journées bretonnes
Il a fait plutôt beau tous ces jours-ci ! Quel bonheur que ce soleil, cette lumière bretonne ! Il fait frais le matin mais doux aux meilleures heures, on peut se débarrasser de la parka et du gros pull, ouvrir le col de chemise et offrir sa peau à la caresse du soleil. A l’aube de novembre ça fait plaisir !
Bon, beau presque tous les jours, n’exagérons pas tout de même ! Mercredi le brouillard ne s’est pas levé, la campagne est restée noyée de gris, tout se trouvait amorti, poussé à l’assoupissement, les humains aussi, mais tout de même la marche dans le bois dans l’après-midi parmi les odeurs d’automne était agréable et revigorante.
Aujourd'hui c’était mitigé, brouillard matinal, laborieusement levé en fin de matinée. Tout à l’heure j’étais sur le port où j’avais été, d’un coup de vélo, faire les courses à la supérette. Je me suis posé là un moment. J’ai eu un assez long coup de téléphone avec une amie lointaine et très chère et dont je n’avais pas de nouvelles depuis un moment. C’étaient des nouvelles heureuses et cela m’a infiniment réjoui. Et juste à ce moment là le ciel s’éclaircissait. C’était beau de voir ces teintes très douces s’avivant peu à peu, la découpe des ombres d’abord à peine devinée, puis plus nette, plus tranchée, les formes des maisons, des arbres, des bateaux qui en prenait plus de relief, le gris du ciel virant peu à peu à un bleu amorti. Ça n’a pas été plus loin cependant, la journée est resté dans l’entre deux, le soleil est resté timide même l’après-midi, mais cette lumière ouatée avait son charme. Comme mon cœur aussi était dans un entre deux à la fois plaisant et légèrement mélancolique.
Ce sont des vacances tout ce qu’il y a de plus cool. J’avais amené pas mal de choses à faire et Constance aussi auxquelles nous ne touchons guère. Mais sans culpabilité. Je flemmarde. Je ne manque pas de céder chaque jour au plaisir de la sieste pendant lesquelles inévitablement je m’endors. On se balade dans le secteur, pas de grandes randonnées (sauf hier où on a fait une grande marche de toute la journée autour de la Pointe de la Torche), ce sont plutôt des petits tours sur la plage, dans le bois, à portée de pied de la maison. Je bouquine. J’avale à longues goulées « Dans la main du diable » d’Anne-Marie Garat. C’est le genre de livre pour lequel il faut avoir du temps, une lecture trop hachée ne convient pas, il faut pouvoir s’y immerger suffisamment pour entrer dedans mais alors quel voyage…
Je me suis installé sur la terrasse pour écrire. C’est la nouveauté de l’année, cette terrasse, et on en profite le plus qu’on peut. Ça faisait des années qu’on la souhaitait, il a fallu beaucoup de discutailleries dans la copropriété pour qu’enfin tous soient d’accord mais nous y sommes et les terrasses ont pu être réalisées sur la façade côté mer de notre petit immeuble. La fenêtre est devenue porte fenêtre, notre pièce donne désormais sur l’extérieur, sur les toits des villas, sur les arbres du polder, sur l’arc que dessine la mer un peu plus loin et sur le ciel. J’écris mais lève aussi beaucoup la tête pour regarder. Je devine le grondement continu des vagues qui déferlent sur la plage. Mais cette rumeur est plaisante, elle ne casse pas le silence et la paix du lieu, elle la meuble au contraire, lui donnant ainsi paradoxalement une profondeur, une présence plus grande.
Ce petit appartement est un endroit où nous avons de beaux souvenirs et nos garçons, je crois, de merveilleux souvenirs. Il y a eu le temps du canapé jaune, celui du confort très sommaire et des chahuts d’enfants, nous entrons dans le temps de la terrasse…
Décidément, je l’adore ce pays là, aussi…
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Bretagne des bois
Bretagne de la mer