Mémento berlinois
Nous voici de retour après
notre voyage berlinois. Temps splendide ici à Paris. On ne se plaint pas, mais,
zut tout de même, de voir ce temps au moment où il va falloir reprendre le
boulot alors que nous avons eu à Berlin un temps plus que médiocre, avec
beaucoup de ciel terne, pas mal de pluie et rarement de belles lumières.
Je me contente de donner un
bref mémento jour par jour, pour conserver trace pour moi, avant que tout ne se
mêle dans une bouillie temporelle indistincte et pour me permettre de mettre
des noms et des moments sur les photos que j’ai faites.
Jeudi 12 : Arrivée à la
gare centrale, traversée à pied d’une partie de Tiergarten pour trouver notre
chambre dans un très modeste et un peu sinistre appart-hôtel près du Postdamer
Brücke. En fin de matinée nous retrouvons le fiston aîné, notre anglais de
passage, et allons ensemble visiter le magnifique Musée juif, entrée par un
beau bâtiment baroque et passage souterrain vers une construction moderne, due
à Daniel Libeskind, un bâtiment audacieux, superbe, à la symbolique puissante
et créatrice d’émotion avec ses trois axes : l’axe de l’holocauste,
terminé par l’impressionnante Tour, l’axe des exils, menant à un troublant
jardin (des colonnes de pierre, très resserrées, un sol pavé inégal, une légère
pente, le tout créant un effet sinesthésique très étrange, donnant une sorte de
vertige) ; enfin l’axe de la continuité menant au musée proprement dit et
à ses riches collections évoquant la vie des juifs en Allemagne au cours du
temps. Nous retrouvons ensuite fiston cadet, sorti de son labo, à Check Point
Charlie et sommes obligés de nous réfugier pour nos retrouvailles dans la première
et médiocre pizzeria venue en raison du déclenchement d’une violente mais
durable pluie orageuse.
Vendredi 13 : Nous
rejoignons à pied par Postdamer Platz, la porte de Brandebourg et Unter den
Linden, l’ile aux Musées et consacrons, avec fils aîné, la journée à des visites
des collections archéologiques au Pergamon Museum d’abord avec notamment les
spectaculaires reconstructions d’une partie de l’autel de Pergame, de la porte
de Milet, de l’allée processionnelle de Babylone mais aussi avec un très riche
et beau secteur d’art islamique, au Neues Museum ensuite, avec entre autre le
très célèbre buste de Néfertiti. Il faut bien reconnaître que c’est une pièce
magnifique, à l’intense présence. Le fait de l’avoir vu mille fois en photo n’y
change rien, on ressent un choc particulier à la voir en réalité dans la vaste
rotonde où elle est superbement présentée. De façon générale d’ailleurs les
œuvres sont très bien mises en valeur, elles ne sont pas tassées, elles
respirent, et malgré l’ampleur des queues à l’entrée, à l’intérieur on n’est
pas du tout gêné par la foule tant les espaces sont amples. La rénovation
intérieure récente de ce musée est une parfaite réussite, le grand escalier
central blanc et sobre à la fois contrastant et s’harmonisant parfaitement avec
l’ensemble. J’aime beaucoup le fait que l’histoire du bâtiment et des
collections reste présente derrière la rénovation. C’est comme un musée du
musée, avec, par exemple, la salle rouge du second qui présente les collections
dans les vitrines et selon la muséologie du début du 20° siècle ou encore avec certains
pans de murs, conservés tels quels avec des impacts de balle datant de la
seconde guerre. Nous dînons ensuite dans le quartier de Nicokaiviertel, sur une
terrasse paisible, mais dont encore une fois on a été chassé par la pluie.
Samedi 14 : il pleut à verse encore lorsque nous nous retrouvons pour visiter la Neue Nationalgalerie à deux pas de notre hôtel, un très beau musée d’art du 20° siècle. Puis nous rejoignons, en métro cette fois, dans l’île aux musées la Alte Nationalgalerie consacrée principalement à la peinture du 19°et remontons ainsi un peu dans le temps, par rapport à notre visite du matin. Nous gagnons ensuite AlexanderPlatz pleine d’animation le samedi soir où nous restons un long moment à badauder puis entamons une marche le long de Karl-Marx Allee pour nous pénétrer un peu de la pompeuse architecture de l’est.
La Spree et la cathédrale
Le vieux et le neuf près d'Alexanderplatz
Karl-Marx Allee
Dimanche 15 : Nous visitons le Musée du cinéma, très riche jusqu’à la guerre, moins intéressant dans sa seconde partie. Il est installé dans le Sony Center, une zone d’architecture futuriste avec son extraordinaire dôme, posé au-dessus des immeubles. Nous allons ensuite à Charlottemburg où nous nous retrouvons à nouveau tous les quatre. Agréable déjeuner, cette fois très berlinois d’ambiance et de mets, sur une terrasse à l’écart de l’avenue et sous les arbres. L’idée était de faire ensuite une bonne promenade dans le parc plutôt que visiter les châteaux, on commençait à saturer de musées, mais là encore une pluie violente nous a obligé à abréger. Nous avons alors gagné le quartier de Kreutzberg où habite fils cadet et nous nous sommes promenés, l’éclaircie venue, dans Gorlitzer Park avant de terminer dans un restaurant de cuisine cajun, chaleureusement recommandé à fils cadet par ses coloc, et qui était en effet à la fois bon et fort agréable.
Parc et château de Charlottemburg
Belle architecture, au bord du canal à Kreutzberg
Lundi 16 : De notre hôtel nous rejoignons à pied Victoriapark puis par Bergmannstrasse et les quais du canal nous rejoignons et visitons l’appartement plutôt sympa où fils cadet s’est trouvé une colocation. Fils aîné, qui était hébergé chez lui, doit récupérer ses affaires car il repart pour Paris, et nous sommes chargés de remettre les clés à fils cadet qui est pour l’instant au travail à son labo. Après les adieux à fils aîné, nous continuons notre promenade dans Kreutzberg, nous nous baladons dans l’ancien couvent de Mariannestrasse où sont installés à la fois squat et ateliers d’art semi institutionnels puis, franchissant la Spree, nous allons voir la portion préservée du mur devenue un lieu d’exposition de peinture murale (East Side Gallery) avant de retrouver fils cadet pour dîner.
Au bord de la Spree, près d'East side gallery
Une fresque parmi beaucoup d'autres
Mardi 17 : Promenade
dans Tiegarten puis visite de la Gemaldegalerie, magnifique musée de peinture,
où nous restons finalement de longues heures, incités à nous y attarder par le
temps très médiocre à l’extérieur. Les écoles allemandes, peu connues de nous,
sont évidemment très représentées mais il y a aussi beaucoup de peintures
flamandes, notamment de splendides Van Der Weyden, et une très belle section
italienne. Là encore nous sommes frappés par la qualité de l’accrochage, le
silence et la paisibilité du lieu. On peut prendre des petits sièges pliants à
l’accueil, s’installer devant une œuvre choisie, écouter les commentaires
plutôt bien faits des audioguides, se laisser glisser dans la contemplation
aussi longtemps que l’on veut.
Mercredi 18 : Nouvelle
grande journée de marche que rend possible un temps qui semble commencer enfin
à s’améliorer. Par Postdamer Platz nous rejoignons le quartier central de Gendarmenmarkt,
montons au Dôme des Français, visitons le temple protestant, allons voir les
intéressantes et diverse architectures modernes de la galerie marchande (trois
grands architectes pour donner un caractère différent à chacun des secteurs),
visitons l’église Sainte Edwige avec son surprenant intérieur et ses deux
autels superposés puis nous rejoignons et visitons l’ancienne synagogue, avant d’aboutir
au fameux Tacheles, cet ancien grand magasin à demi en ruine, mélange de squat
et d’ateliers d’expositions, ouvert sur une vaste cour avec des sculptures en
plein air, un jardin sauvage, des guinguettes où l’on peut boire une bière et
s’affaler sur de vieux sofas de récupération. L’immeuble est colonisé par des
groupes d’artistes alternatifs. Les odeurs dans l’escalier lèvent un peu le
cœur, mais bon on passe… A chaque étage, donnant sur de grands halls tagués du
sol au plafond, se trouvent des ateliers dont certains sont ouverts et qui présentent
des œuvres dans l’ensemble peu à mon goût et à l’inspiration en général assez sinistre.
Drôle de lieu mais assez typique de ce Berlin alternatif qui existe encore et
qui contraste avec le quartier alentour, plutôt luxueusement rénové avec
boutiques et galeries branchées et d’intéressantes architectures, lorsqu’on
prend le temps d’entrer dans les cours.
Tacheles
Jeudi 19 : Nous allons à Posdtam, nous osons enfin louer des vélos à la sortie du train car le temps semble vraiment s’améliorer. Ce qui nous permet de faire le tour de la ville et du parc en reposant nos pieds meurtris. Le parc est beau, comme les constructions qui y sont dispersées. Il y a certaines perspectives majestueuses comme à Versailles, mais elles ne dominent pas, le regard est plus souvent arrêté par des arbres et des bosquets, on emprunte plus souvent des chemins sinueux offrant au regard la surprise de découvertes inattendues, c’est comme une transition entre le parc classique et le jardin romantique. Le temps est agréable, avec de doux nuages et une belle lumière. Enfin ! Nous ne visitons pas le château de Sans-Souci, nous sommes un peu juste au point de vue horaire car nous devons passer récupérer nos valises à l’hôtel avant de gagner la gare pour repartir à Paris. Coup d’œil en passant, entre l’hôtel et la gare, sur le Reichstag (dommage, on n’aura pas eu le temps de monter dans la coupole de Foster) et sur le quartier des institutions, agréablement éclairé par la lumière du soir. Dernières retrouvailles avec fils cadet venu nous dire au revoir sur l’esplanade de la gare où nous profitons d’un dernier petit moment ensemble sous un doux soleil avant de nous enfoncer dans les profondeurs de la gare…
Parc romantique à Sans-Souci
Voilà pour le bref et sec
mémento, avec quelques photos. Si j’ai le temps demain j’essaierai de donner
quelques impressions globales et quelques ressentis plus subjectifs de cette
ville et de ce voyage…
Si j’ai le temps…
(Toutes les photos sont cliquables)