Le silence, presque...
La semaine dernière a été un
tunnel de boulot et celle qui débute n’augure pas mieux. Mardi dernier j’étais
quand même au bureau à 8 heures du matin et je suis sorti de ma dernière
réunion, de surcroît à l’autre bout de Paris, à 8 heures du soir. Sans le
moindre répit au cours de la journée, sinon le moment où je me suis posé dans
un café pour manger un sandwich mais sans pouvoir prendre le temps d’une
véritable déconnexion d’esprit, d’une évasion dans la rêverie. Je suis fatigué
de tout ça. D’autant que parmi toutes mes tâches du moment figurent de
nombreuses réunions censées commencer à préparer des projets pour l’année
suivante, comité de pilotage x par-ci, commission y par là, tout ça riche de
langue de bois, alors même que d’autres activités bien engagées et dans
lesquelles nous étions investis ne sont plus guère soutenues, parce que des
chefs changent, parce que des marottes ministérielles ne sont plus les mêmes.
Bref…
Il faut dire aussi que ces
deux semaines sont également bousculées de mon propre fait car je me suis pris
un week-end à rallonge qui m’a obligé, indépendamment de ces réunions, à
concentrer mes activités habituelles sur un moins grand nombre de jours.
J’ai participé ce week-end
aux journées annuelles de mon association favorite qui se tenaient à Strasbourg
sur le thème « d’Europe et autobiographie ». A l’heure qui l’est je
suis dans le TGV qui me ramène vers Paris, mon petit carnet sur les genoux.
Souvent ces temps de voyage, cette sorte de sas entre deux types d’activité,
sont pour moi des moments privilégiés pour l’écriture, où les mots me viennent
facilement portés par le mouvement du train, ce sont des moments où en général
j’aime à faire le point. Rien de cela aujourd'hui. Ma plume est rétive. Je ne
vais pas me forcer. Je crois que je n’écrirai pas, que je ne donnerai pas mes
impressions intellectuelles, pas plus que mes ressentis plus intimes au cours
de ce week-end, comme j’ai pu le faire d’autres années. J’ai une véritable
fatigue d’écriture ces derniers temps. Ce n’est certes pas la première fois
mais il me semble que cette non-envie s’accentue, s’approfondit. Je n’ai pas
réussi non plus à poser des mots que j’ai pourtant plus ou moins dans la tête
sur différents sujets, notamment sur différents livres que j’ai lu ces derniers
temps et dont j’aurai voulu parler. Plus ou moins dans la tête ! C’est
bien la le problème : plutôt moins que plus en fait, c'est-à-dire que les
idées sont là, de façon vague, mais qu’il faut encore tirer les mots au forceps
pour les faire advenir d’une façon suffisamment claire, construite,
lisible !
Je regarde par la fenêtre.
Il s’est mis à pleuvoir sur une campagne très verte alternant bois et prairies,
sans que je sache bien où l’on passe dans cette France du nord-est que je
connais si mal.
J’essaie d’écrire mais je
n’arrive à rien d’autre qu’à ces mots d’attente, qu’à ces mots d’impuissance.
Mais il n’y a pas
d’obligation, pas d’obligation vis-à-vis de vous, pas d’obligation vis à vis de
moi…
Alors je vais fermer mon
carnet et me laisser aller, sommeiller peut-être ou reprendre le volume des
aventures de Nicolas Le Floch que j’ai avec moi, juste une lecture plaisir, une
lecture voyage dans le voyage, une lecture qui ne pousse pas à noter des idées
ou des formules, à se demander ce que l’on en pense et ce que peut-être on en
écrira, ce qu’on voudrait en écrire, bref une lecture reposante…
***
Je viens de
retranscrire ce que j’ai écrit hier dans le TGV. C’était le sentiment du
moment. Je n’ai plus tout à fait la même perspective ce soir. Je ressens
l’envie quand même d’écrire sur ce week-end. C’est en pensant à Micheline que
m’est venue cette envie. En pensant à d’autres aussi dont je sais qu’ils seront
intéressés. Comme quoi c’est bien l’idée que les mots sont partagés et
accueillis par d’autres, qui donne sens à toute cette activité d’écrire, qui en
est un des carburants essentiels. Peut-être écrirais-je donc là-dessus.
Peut-être pas. Mais pas ce soir en tout cas. Je me contente de cette
retranscription. J’ai encore des choses à préparer pour le boulot demain…