Eté indien
Bon je sais ce n’est pas le véritable été indien selon la définition de nos amis québécois, n’empêche, il y avait de cela cet après-midi, quel plaisir de sentir à nouveau sur soi cette douceur dans la journée finissante.
Je suis sorti du bureau plus tôt que prévu, j’avais à peu près fini ce que j’avais à faire. C’est un des bonheurs du travail salarié ça (enfin quand on est à peu près maître de ses horaires), ces moments qu’on lui vole de façon un peu imprévue. J’ai filé dans le quartier de la Grande Bibliothèque pour aller au cinéma, je voulais voir « Les amours imaginaires », le dernier film du (très) jeune québécois Xavier Nolan. Mais il faisait si bon. J’ai tombé la veste et l’ai portée sur le bras. J’ai marché un peu au bord de la Seine, j’ai stationné un long moment sur la passerelle, un endroit que j’aime particulièrement. Les femmes étaient belles et avaient ressorti les robes légères, offrant leurs bras, leurs jambes à la caresse du soleil et au regard des passants. Je me suis amusé à observer une séance de photo un peu glamour. J’ai repensé à la femme aux deux amants. Ma rêverie était agréablement lancée. Il a fallu que je m’arrache pour rejoindre le cinéma à temps…
Pas mal ce film. Intéressant en tout cas. Et brillant à coup sûr. Mais j’ai surtout été séduit esthétiquement, par les images souvent superbement kitch, par les chansons et la musique, par la capacité à faire ressentir les ambiances et les sentiments des personnages. Mais pas véritablement enthousiasmé non plus, pas bouleversé d’émotion. Peut-être que l’enthousiasme généralisé de la critique a contribué à m’en faire attendre trop, ce ne serait pas la première fois. Il y a des longueurs et des redites. Une certaine complaisance aussi peut-être de l’auteur à l’égard de son propre brio formel et un certain maniérisme, par exemple dans l’usage un peu trop systématique des ralentis. Les interviews de quelques jeunes, hors de l’histoire principale, à propos de leur vie sentimentale et sexuelle, dans le dru parlé québécois, sont souvent drôles mais font un peu plaquées tout de même, étirant inutilement le film. C’est drôle, malgré les distances culturelles et géographiques, ce film m’a fait penser à « In the mood for love », quelquechose dans le style sans doute et particulièrement dans la place, essentielle, qui est accordée à la musique.
Xavier Nolan, 21ans, acteur, auteur, réalisateur