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Les échos de Valclair
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11 octobre 2010

Assoupie, la blogovie?

J’ai ce week-end eu l’occasion de passer un long moment, attablé à une terrasse de la rue Médicis, face au Luxembourg et sous la caresse d’un bon soleil de l’après-midi avec l’une de mes plus chères et anciennes amies du blogomonde. Nous ne nous étions pas vu depuis de long mois, beaucoup d’eau est passée sous beaucoup de ponts, enfin, sous les siens en tout le cas, pour du meilleur et pour du moins bon. Notre relation est à la fois distancée et d’une profonde intimité. Nous avons parlé surtout de nos présents mais un peu aussi du passé proche, de la façon dont s’étaient noués ces liens forts quoique improbables et surtout d’une certaine rencontre, dont elle avait été l’initiatrice et qui reste pour tous ceux qui l’ont vécu un moment de grâce très spéciale.

Je suis rentré chez moi à pied, et pas par le chemin le plus direct, faisant une longue marche qui m’a fait croiser des lieux où j’ai des souvenirs mais où je n’étais pas passé depuis longtemps. En chemin, comme souvent l’esprit vague. J’ai repensé à plusieurs moments forts de ma blogovie. J’ai commencé à construire dans ma tête un récit qui, avec la distance de la part de fiction que j’aimerais y mettre, les tresseraient ensemble. Comme pour construire, à partir de ma propre expérience et de mon propre regard, une sorte de monument lumineux d’un lieu et d’un moment particulier de notre blogosphère. Sans en cacher les contradictions mais en balayant aussi tous ces discours qui ne voient dans les relations par la blogosphère que virtualité, manipulations, pièges et désillusions.

Ça c’était évidemment dans l’enthousiasme de la rêverie, comme il y a des enthousiasmes de certaines insomnies, pendant lesquelles on se construit des projets formidables, (« c’est évident, comment n’y ai-je pas pensé plus tôt, c’est comme si c’était fait »), lesquels projets se dégonflent immanquablement dans les réalités du petit matin. Mais enfin ça fait un candidat de plus pour ma PAE (pile à écrire) qui, certes n’est pas très élevée et toute virtuelle, mais dont la probabilité que je la dégonfle un jour est encore moins assurée que pour ma Pile à Lire !

Je voyais entre autre pêle-mêle dans ce texte l’hôtel de Bonne rencontre et une lumineuse escapade ardennaise, un week-end mouillé dans une bourgade perdue du massif central, une improbable rencontre sur un quai de Garonne qui était en soi une merveilleuse victoire pour celle que je rencontrais, une soirée avec une chère brune pendant laquelle je me suis senti amoureux, l’éclat de son sourire et le baiser échangé, même s’il n’a pas été plus qu’un baiser et naturellement bien sûr ce fameux Someone Carnet.

Et tout en marchant je me disais que c’était un temps qui était clos.

Nos relations perdurent pour l’essentiel mais elles se sont banalisées. Nos amitiés internautiques sont maintenant des amitiés comme les autres. Elles ne sont plus chargées de cette aura un peu mystérieuse, de ce frémissement d’excitation, de ces poussées d’émotion intenses qui faisaient leur sel au début. Au demeurant il ne s’en crée pas (ou peu) de nouvelles, nous entretenons nos blogs, pour ceux qui en ont encore, avec moins d’énergie, nos lectorats s’étiolent et moins de visiteurs communiquent avec nous (comme nous-mêmes communiquons moins chez les autres), nos boîtes mails ne reçoivent plus guère de ces longues missives très personnelles d’inconnu(e) qui initiaient souvent de longues correspondances et parfois des rencontres.

Comme si les vertes prairies d’un blogomonde plein de sève et de riches floraisons avaient laissé place, sinon au désert, du moins à des savanes aux plus maigres arbustes.

A quoi cela tient-il ? A une sorte d’âge d’or objectif de la blogosphère qui serait passé ? Ou bien à nous-mêmes qui aurions épuisé les charmes de la nouveauté ou qui, tout simplement, vieillirions et perdrions de notre allant et de nos rêves ?

Je n’en sais rien.

Est-ce qu’une page est tournée pour nous, une étape franchie sans retour ou bien n’est-ce qu’un assoupissement passager ?

Il est évident que l’éloignement à l’égard de mon écriture en ligne que j’évoque souvent (quoique, tout de même, l’un dans l’autre je continue) a évidemment à voir aussi avec cet assoupissement, comme si manquait maintenant le carburant principal, celui que l’on ne s’avouait pas vraiment à soi-même, l’espoir en la mise en branle des émotions et des palpitations de cœur.

 

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Commentaires
V
ça me fait plaisir ton passage Eclat du soleil. De temps en temps j'ai aussi le plaisir de voir des pages mises à jour dans Aimez-vous lire, avec des analyses toujours pertinentes.<br /> <br /> Je partage assez ce que tu dis je crois. Même si je ne pratique pas comme toi et que je continue pour ma part le blog introspectif mais sans doute s'achemine-t-il doucement vers sa fin.<br /> <br /> Et je partage y compris ce que tu dis dans ton dernier paragraphe. Si je ne me lance pas vraiment dans l'écriture, c'est sans doute que comme toi j'ai la conscience que je n'aurais rien de vraiment intéressant ou de vraiment fort à dire, qui justifierait le travail acharné qu'implique écrire "vraiment". Sans doute est-il là le lâcher prise, c'est une forme de renonciation tranquille et qui ne crée pas de douleur. Et ne m'empêche pas une fois ou l'autre de prendre plaisir à écrire un poème ou une brève nouvelle.<br /> <br /> Mais, quoiqu'il en soit, cette aventure de blog restera tout de même pour moi une très belle aventure !
E
Hello Valclair. <br /> Je te lis encore de temps en temps, plus tous les billet je l'avoue, et moi aussi j'ai, comme d'autres, cessé de parler de moi sur un blog. Je crois en effet qu'on en fait le tour à un moment, peut-être qu'on préfère aller se déverser sur le divan d'un psy, peut-être même qu'un jour on se dit : arrête de gratter tes plaies, et pense à vivre. Quant à lire la vie des autres, c'est pareil : pendant un temps, c'est intéressant, parce que ça dynamise les questions qu'on se pose sur soi-même, on se dit ah tiens, oui, je pourrais aussi regarder les choses sous cet angle. Ou ça rassure : je ne suis pas seule à me poser ces questions. Et puis quand on décide que l'introspection, ça suffit pour le moment, on est moins intéressé par le discours des autres. Donc on devient moins assidu, on picore. <br /> Et puis dans les débuts, il y avait aussi un côté un peu "pionnier". On n'était pas si nombreux, il y avait aussi une sorte de jeu de piste pour découvrir les blogs des uns et des autres. Maintenant, c'est l'abondance, et ça écoeure aussi ;-)<br /> Donc je n'écris plus pour me raconter, mais j'ai toujours un, et même des blogs. Qui ne sont plus des lieux d'introspection (même si en parlant de ses centres d'intérêt on en fait toujours un peu), mais des lieux de partage autour de mes activités favorites. Certains vivent intensément, d'autres sont plus ou moins en sommeil. Je les ai ouverts d'abord pour moi, pour "ranger mes petites affaires", mes liens favoris sur tel ou tel sujet, ma documentation, la trace de mes lectures ou de mes réalisations, qui permet de temps de temps de voir où j'en suis, à quoi je passe ou perds mon temps, de retrouver une référence quand j'en ai besoin. Autour de certains blogs, il se crée une petite communauté de gens qui s'intéressent aux mêmes choses, et on partage nos bonnes adresses et nos bonnes pratiques.<br /> Face à l'abondance des blogs de tous poils, finalement, chacun se recentre sur quelques "niches", comme disent les marketeurs (j'en fus :-() au sein desquelles il est possible de "faire son trou", de suivre ce qui se passe. <br /> Et moi, finalement, j'ai renoncé à écrire, j'entends en tant qu'activité "artistique" : tout bien pesé, je pense que je n'ai rien d'intéressant à dire, et que je suis plus une "artisane" qu'une artiste (mon blog le plus dynamique concerne... les ouvrages de dame !!! où je réalise et crée des ouvrages) Donc un blog où je me raconte, aussi pour purger d'une éventuelle écriture parallèle tout ce qui serait trop autobiographique, ça ne m'intéresse plus. <br /> Toi, si, parce que tu veux encore écrire, "faire l'écrivain". Mais comme d'autres dans ces commentaires, pour que ce ne soit pas vain, il faut que tu t'y mettes vraiment. Ecrire, je ne crois pas que ce soit un lâcher prise. C'est une urgence et une discipline. Bon, ne le prends pas mal, je te dis ça amicalement ;-)
V
Oui, juste commentaire Elisabeth, tout bouge, tout change, comme dit mon professeur de yoga, c'est dans cette conscience là aussi qu'il faut se situer pour accepter ces passages sans souffrance.
E
Je viens de lire ton billet, Valclair, plus les commentaires, et tout cela pris ensemble me semble donner une certaine image ou plutôt un instantané de la blogosphère. Assoupie, étiolée, démotivée ? en tout cas, la blogovie n'est plus ce qu'elle était...<br /> <br /> Pour ma part, j'en suis à ma septième année, avec un changement de plate-forme au printemps 2009 qui a coincidé avec, en effet, une chute du lectorat. Je ne me plains pas, j'ai des lecteurs fidèles et qui apprécient ce que je fais. Et puis ma préoccupation première n'a jamais été de "faire de l'audience". <br /> <br /> Je ressens aussi une certaine lassitude, l'usure du temps assurément, et le fait inévitable que se perd l'attrait de la nouveauté. Je continue surtout parce qu'écrire le blog me permet de mettre au net mes idées et mes perceptions des lectures et autres manifestations dont je rends compte. C'est comme si je le racontais à des amis, avec le même effet de clarification, mais vu que je n'ai jamais été très forte en expression orale... <br /> <br /> Mon blog aura une fin. A moins que je lâche la rampe avant, il aura le sort de toutes choses humaines : un début, une fin (et un milieu flottant puisqu'il dépend de quand se situe la fin...) J'ai d'ailleurs décroché récemment de plusieurs activités menées depuis longtemps et dont j'ai compris qu'elles étaient arrivées à terme. Mais j'ai constaté cela sans amertume, juste une légère mélancolie. Comme toi, Valclair, je considère que cela fait partie de ce "lâcher prise" que je poursuis également, comme une hypothétique voie vers la sérénité.
V
Oui, c'est bien ça... Luciole... Je te remets maintenant.
Les échos de Valclair
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